Le leadership et l’animation des équipes

Traditionnellement, le modèle de management polonais est directif. Mais celui-ci ne signifie pas et n'a jamais signifié une quelconque soumission à la volonté toute puissante d'un chef. L'entreprise socialiste était régie par un certain contrat social implicite selon lequel les "gens d'en bas" acceptaient de renoncer à tout rôle dans le processus de décision, en contrepartie d'une relative liberté dans l'exercice de leur travail. Ceci convenait tout à fait à la majorité des Polonais, qui n'ont jamais accordé beaucoup d'intérêt aux entreprises et aux affaires. Au besoin, leurs intérêts étaient défendus par les puissants syndicats d'entreprises.

L'arrivée des actionnaires, étrangers ou locaux, et surtout l'introduction de la recherche du profit comme objectif prioritaire des entreprises, viennent remettre en cause ce contrat social. Le climat social et la qualité de vie au travail se dégradent à cause de l'accélération des cadences de travail, de la fixation d'objectifs toujours plus exigeants et du stress psychologique. On observe en conséquence une hausse significative de l'absentéisme et du taux de rotation de la main-d'œuvre dans les entreprises polonaises.

Dans ces conditions, le modèle français de centralisation du pouvoir a toutes les chances d'échouer, sauf dans les régions ou l'ampleur du chômage ne laissent que peu de marge de manoeuvre à la main-d'oeuvre locale. Les modèles de management participatifs ne sont pas plus aisés à mettre en place. Pour remplacer les anciennes structures bureaucratiques par de nouvelles structures plus souples, il est nécessaire de définir des normes servant de base à ces nouvelles structures. Et ceci conduit à une nouvelle bureaucratisation, d'une autre nature.

Selon de nombreux dirigeants expatriés, la mise en œuvre de systèmes et méthodes de fonctionnement et de gestion inspirées des modèles ayant fait leurs preuves à l'étranger, nécessite en Pologne plus d'efforts afin d’y faire adhérer ses équipes et de transmettre sa culture.

Le titre de chef ou de directeur ne donne pas automatiquement de légitimité en Pologne. La mentalité polonaise donne à chaque individu une notion très forte de sa propre dignité et de ses droits, ce qui peut aller parfois à l'encontre de l'acceptation de simples règles de discipline tant au travail que dans la vie sociale.

Pour diriger en Pologne, il est préférable de faire preuve de compétence, mais il est surtout nécessaire de donner des instructions au nom d'un objectif propre à l'entreprise, plutôt que de vouloir imposer sa volonté sur celle d'autres personnes. D'autre part, il est préférable de recourir à des personnes bilingues et surtout biculturelles pour relayer les informations essentielles en provenance et vers la direction.

Les Polonais souffrent parfois d'un complexe d'infériorité envers les occidentaux. Cependant, comme tous les peuples fiers, ils peuvent s'avérer susceptibles et ne tolèrent pas l'humiliation. Il convient donc de les respecter en tant que personnes, de les traiter d'égal à égal et d'être patients. L'énervement, l'arrogance ou l'étalage d'une quelconque supériorité sont mal vus.

La confiance intégrale et une délégation étendue des responsabilités peuvent également être une source d'échecs. Bien qu'ils soient nombreux à affirmer le contraire, les managers locaux ne sont pas encore familiers avec le management et la gestion d'entreprise. Il est indispensable de s'assurer régulièrement, si possible par écrit, que les instructions ont été comprises, de même qu'il faut contrôler les réalisations et sanctionner les fautes. Le tableau ci-dessous de la célèbre étude d'Hofstede confirme avec le haut niveau de contrôle de l'incertitude qu'il attribue aux Polonais, la nécessite de mettre à leurs disposition des cadres sécurisant et rigoureux.

Programme mental pour la Pologne selon G. Hofstede

 

Distance hiérarchique

Individualisme

Masculinité

Contrôle de l’incertitude

Pologne

55

60

65

78

Moyenne de tous les pays

57

43

49

65

Ecart-type

22

25

18

24

Source : ITIM, 1980, réactualisé en 2003.

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